« Plus j’avance en âge, et plus je me rends compte que je ne suis pas l’écrivain communiste qui trouve sur-le-champ un sujet d’une actualité évidente. Même dans mes pièces sur le chômage, le sujet implique une débâcle existentielle que j’ai moi-même très souvent ressentie sans pourtant avoir été au chômage. Quelle que soit la pièce qu’on examine, on s’aperçoit qu’elle parle d’une mutilation sociale. J’écris beaucoup sur moi-même – bien que j’aie longtemps refusé de l’admettre – même lorsqu’il s’agit d’enfants ou de vieillards. Ces personnages me ressemblent bien plus que le gérant, le directeur A ou B, ou le Monsieur de chez Siemens. Ces derniers ne m’inspirent pas ; je trouve ce milieu ennuyeux ; ces types mous avec leurs attachés-cases ne m’intéressent pas. Je n’écris pas sur des choses que je déteste... Les ruines de ma propre existence, faits marquants du déroulement de ma vie, que j’essaie de comprendre et de présenter sous forme de phénomènes sociaux, m’intéressent de plus en plus. »
Franz Xaver Kroetz
L'auteur
Né en 1946 à Munich, Franz-Xaver Kroetz est une figure majeure de l’écriture allemande. Il connait son premier grand succès en 1971 avec Travail à domicile. S’ouvre alors une période prolifique où Kroetz écrit pièces dramatiques et radiophoniques, réalise pour la télévision, écrit des scénarios de films, des essais. Il va marquer les années 1970 par une abondante production néo-réaliste, consacrée aux laissés-pour-compte de la société dite de bien-être. Kroetz fait entendre le mutisme des sans voix, dépeignant des personnes qui sont rendues muettes par leur propre misère sociale.
Kroetz est non seulement auteur, éditeur mais aussi un acteur et un metteur en scène redoutable sachant trouver ce mélange gagnant entre agressivité et subtilité, rondeur et fausseté, qui fait de ses personnages des êtres humains qui touchent le spectateur au plus profond.
Distribution